Autour de la Paroisse

Eglise Notre Dame de l'Assomption

Dès 1636 ce sont de simples prêtres missionnaires issus de congrégations différentes (Capucins, Jésuites, Dominicains aussi appelés Jacobins) qui débarquent dans les îles. En 1656, le père Raymond BRETON, dominicain, suggère l'établissement d'une organisation et ce n'est qu'en octobre 1684 que le Conseil d'Etat rend un accord exécutoire pour les premières paroisses de Guadeloupe.

A Trois-Rivières, les Jésuites y opèrent de 1678 à décembre 1698 et c'est en février 1699 qu'ils sont "remplacés" par les Carmes (de l'ordre laïque de Notre Dame du Mont-Carmel)

La Révolution de 1784 met fin à cette suprématie des Religieux dans l'ordre des communes. Le Civil avant tout et la Laïcité dès 1905 !

C'est sur ce site que les dominicains ont érigé une Chapelle dès 1640. Elle fut dans un premier temps dédié à Saint-François Xavier.

Sur certains actes, entre 1678 et 1700, elle est simplement "Notre Dame des Trois-Rivières"[1].

En 1718, des habitants de Trois-Rivières, membres du Conseil de Fabrique, signent un contrat avec Joseph GRELEAU pour bâtir une nouvelle église[2].

"le 13 novembre 1718 dans l'assemblée de messieurs les habitans des trois rivieres on est convenu avec le sieur joseph greleau qu'il batira l'eglise de 8? pieds de long. 26 de large. 14 de haut, la grande porte à cent fr...les fenetres a soixante, les petites portes aussi soixante, l'oeil de bo....[euf] a cinquante francs. les aveades cent quatre vingt chaqune. [Signatures] : j m ar.... / frigolet / delaperelle / parize / capber / grante / mayol / dubost - raturé et interligne aprouvé - fr louis de ste catherine rx carme".

Le 12 décembre 1718, sous le règne de Louis XV, Michel de LAGARRIGUE SAVIGNY, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis et commandant en chef, pose la première pierre et c'est à ce moment-là qu'elle est "dédiée à la très sainte vierge Marie sous le nom de l'Assomption" [3]:

"sous les règnes de louis quinze, monseigneur philippe d'orléans et messieurs jean baptiste marre et charles dothemare étant marguilliers de cette paroisse, monseigneur michel de laguarigue savigni chevalier des ordres militaire de st louis lieutenant de roy de cette isle guadeloupe et y commandant en chef, a mis et possé la première pierre de cette église dédiée à la tres sainte vierge marie sous le nom de l'assomption, en présence : rigolet, delaperelle, lataste, chevallié, grante, jugla, p. pinel et fr louis de ste catherine rx carme".

La construction semble avancer assez vite car, le 07 février 1719, Marie RIGOLET pose la première pierre d'une chapelle dédiée à Saint-François. Elle est située du côté de l'Evangile et a été financée, en fonds propres, par François RIGOLET, conseiller au Conseil supérieur et père de Marie.

Le 14 février 1719, c'est au tour de la chapelle de Saint-Joseph, du côté de l'Epitre, d'être bénie ; cette portion ayant été pris en charge, "a ses frais et dépens", par Monsieur MARRE, capitaine et commandant du quartier de Trois-Rivières[4].

C'est à partir décembre 1720, que l'on trouve dans les registres la mention "dans l'église neuve" pour certaines inhumations.

Un contrat concernant la fourniture des bois utilisés pour la charpente et les combles, daté du 29 juin 1721 "moyennant le prix de dix-sept sols par chaque pieds de bois", précise les essences à utiliser : "celui qui doit porter sur les murs sera ou agoutil ou balata ou autre bois incorruptible, les chevrons de bois abricotier, cabrit ou bois doux".

Ce même jour il a été décidé de faire couvrir l'église de planches au lieu de lattes. Pour cela, une demande sera faite au Gouverneur pour permettre d'en faire venir la quantité nécessaire de bois de pape, en provenance des îles anglaises.

Cependant, une plainte des paroissiens au sujet des "bois faits par le sieur GRESSIER" oblige le Gouverneur, le 04/02/1722, à considérer comme "nul" ce marché avec l'accord du dit sieur Gressier qui demande "à disposer de ses bois ainsi qu'il avisera bon être". A charge aux marguilliers de la paroisse de passer un nouveau marché[5].

Depuis la fin du XVIème siècle, les Jésuites puis les Carmes ont officié à Trois-Rivières. De la simple chapelle jusqu'à l'édifice d'aujourd'hui, les séismes et les ouragans n'ont pas affecté la ferveur des paroissiens : un cyclone dévastateur en 1928 a obligé sa reconstruction entre 1930 et 1937 par l'architecte Ali TUR.

En mars 2024, un projet de restauration de l'église a été lancé par la Fondation du Patrimoine, l'édifice ayant été fragilisé par différents évènements sismiques.


L'Observatoire du Patrimoine Religieux en donne une description architecturale :

"L'église au cœur de la ville, s'inscrit dans un plan allongé orientée au nord-est. Elle est divisée en trois vaisseaux et cinq travées. Elle possède un chevet plat flanqué au nord-ouest d'une tour clocher.
Elévation extérieure : La façade principale est composée d'un portail d'entrée encadré de deux colonnettes et de deux baies rectangulaires avec claustras en béton. Le tout est abrité par un porche soutenu par quatre colonnes. Au-dessus de cet ensemble se trouve une rose. Ce mur pignon est surmonté d'une croix.
Les murs gouttereaux sont composés de cinq baies étroites et longues avec persiennes séparées par des contreforts et surmontées par des petites baies circulaires. Au niveau de la troisième travée se trouve un portail latéral sous un porche soutenu par deux colonnes. On retrouve au niveau du chevet quatre vitraux carrés.
Le chevet est plat et dépourvu de toute ouverture mais il comporte une niche à trois pans, ouverte vers l'intérieure de l'église.
La tour clocher est carrée et ouverte sur chaque pan de deux baies hautes avec abat-sons, surmontées au sud-ouest par une horloge.
Le couvrement de l'église est à deux pans et celui de la tour clocher est en bâtière.
Elévation intérieure : la nef et les bas cotés sont séparés par cinq colonnes. Le voûtement de la nef est en bâtière avec doubleaux au niveau des colonnes tandis que celui des bas cotés est plat. Au niveau du chœur on retrouve une niche abritant une statue de la Vierge. Cette sobriété intérieure contraste avec la couleur et la richesse des vitraux et du carrelage en grès cérame rouge, jaune, gris et blanc."


Autour de la Paroisse


Sources et infos

  • [1] Bien que le titres des registres ouverts sur ANOM, entre 1678 et 1700, portent la mention "copies … des registres de la paroisse ditte Notre Dame de l'Assomption", elles ont dû être réalisées qu'après 1718.
  • [2] AD971 – Trois-Rivières – Collection du greffe des tribunaux 1715-1725 - Vue 40
  • [3] AD971 – Trois-Rivières – Collection du greffe des tribunaux 1715-1725 - Vue 40
  • [4] AD971 – Trois-Rivières – Collection du greffe des tribunaux 1715-1725 - Vue 42
  • [5] AD971 – Trois-Rivières – Collection du greffe des tribunaux 1715-1725 – Vue 70


Trois-Rivières : inauguration de l'église entre 1930-1940

(Archives départementales Guadeloupe - Collection cartes postales)


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